vendredi 22 avril 2016

Au Salon international de l'alimentation à Montréal, Terre d'Oc et Épicerie Brimbelle

Malgré une modeste présence française, de belles rencontres 
au rendez-vous nord-américain de l’innovation alimentaire, SIAL Canada, du 13 au 15 avril au Palais des congrès de Montréal.

Le SIAL Canada se positionne comme le seul salon au canada à s'être adapté à l'évolution des tendances auprès des consommateurs avec plus de 850 exposants, 60 pays dont 22 entreprises françaises et 15 000 visiteurs professionnels. Le grand rassemblement de l'agroalimentaire rejoint des artisans et des industriels du monde entier. En alternance avec Toronto, le salon, qui a lieu tous les deux ans à Montréal, permet de capter les tendances alimentaires. 

Si le salon de Montréal est orienté vers l'Amérique du Nord, entre autres avec les États-Unis comme invité d'honneur, l'Asie et l'Europe y sont bien présentes cependant, tant pour tester un marché riche de plusieurs centaines de millions de consommateurs que pour y trouver des partenaires potentiels.

Innovatation et engagement dans la communauté

Entre innovation et tradition, vision globale et réalité locale, le monde de l'alimentaire est en pleine mutation avec des consommateurs de plus en plus exigeants qui portent un intérêt croissant à l'environnement, à la santé ainsi qu'aux produits du terroir et de proximité, tout en gardant un intérêt prononcé pour l'exotisme.

Dans l'air du temps et grâce à son nouveau programme SoSIAL, le salon à Montréal s'engage auprès de la communauté à réduire le gaspillage alimentaire et à participer aux transferts de connaissance et de compétences. SIAL Canada a remis 15 000$ à La Tablée des chefs et à Moisson Montréal.

Délicieux coups de coeur français

Si la présence d'entreprises françaises manquait un peu d'éclat, on peut souligner des gens de qualité qui se distinguent par l'excellence de leurs atouts commerciaux, humains et éthiques. Un équilibre rare et précieux. Le storytelling est souvent le fil d'Ariane de ces belles rencontres où l'amour du produit, l'attachement au territoire et l'ouverture au monde sont au rendez-vous...

Terre d'Oc, un coup de foudre irrésistible

Coup de foudre pour thés et tisanes de Terre d'Oc avec des parfums enchanteurs et raffinés, un packaging ultra tendance avec des couleurs magnifiques. Chaque emballage est une petite oeuvre d'art. Un esprit très actuel qui fait le lien entre le terroir et l'innovation, qui allie commerce équitable, produits issus de l'agriculture biologique et le développement durable. Terre d'Oc est née en Provence mais est en train de conquérir le monde, de la France à Hong-Kong en passant par le Québec !

''Les Québécois sont issus d'une civilisation ancienne pétrie de valeurs et de traditions. À ce titre, ils sont sensibles aux produits vrais, élevés avec passion dans le respect de la Terre et des hommes. Tous ces éléments sont les valeurs qui, depuis toujours, guident Terre d'Oc. Par ailleurs, l'histoire de l'entreprise qui mêle la Provence et l'ouverture au monde ne peut qu'être en phase avec les attentes du consommateurs du Québec.'' Vincent Vinas, spécialiste export chez Terre d'Oc



Des français charmés par le Québec, le Groupe Estelle de France

Rencontre avec un passionné passionnant, Didier Demange évoque la richesse des produits qu'il présente avec fougue et professionnalisme. Le Groupe Estelle de France fait de l'importation et distribution de produits gastronomiques français. La récente Épicerie Brimbelle, au marché Jean-Talon à Montréal, offre un éventail d'une rare qualité. Des produits d'excellence comme les calissons revisités du Roy René aux parfums novateurs, les nectars de fruit Patrick Font ou les délices subtiles de chez Aix&terra ou encore les nougats Silvain. Des pâtes à la truffe blanche aux effluves marines d'Esprit de sel de l'Île de Ré, c'est l'occasion de découvrir les saveurs raffinées de l'épicerie fine française à Montréal.

Les calissons revisités par le Roy René
Les nectars de fruit de Patrick Font
 Au-delà de l'innovation, pour le monde de l'alimentaire, il s'agit aussi de partager des histoires d'amour qui parlent de la terre, des saisons, de l'excellence du produit. Des histoires qui voyagent et nous font rêver grâce aux plaisir du palais, moins chers qu'un billet transatlantique et sans décalage horaire !


lundi 23 novembre 2015

Lettre d’amour au Québec d’un immortel bienveillant et lucide

Tout ce que l'on ne te dira pas, Mongo de Dany Laferrière

En ces temps troublés où les migrations internationales, le Sud et le Nord, le racisme et la place que l’on fait à l’autre sont des sujets brûlants, Dany Laferrière nous parle de l'immigration concrètement, le quotidien de l'immigré dans tous ces infimes fragments qui constituent la réalité sociale du Québec.

Il nous offre une conversation joyeuse, mais au combien grave, sur les us et coutumes au Québec fruit de son expérience.  Il s’agit d’un dialogue avec un jeune africain fraîchement arrivé qui fait écho au jeune-homme qu’était l’écrivain quarante ans en arrière et les  chroniques faites à Radio-Canada. 

Il s’agit d’entrelacs complexes dont Dany Laferrière brouille les pistes à dessein, nous obligeant à suivre son rythme. Ralentir pour mieux rentrer dans le détail qui révèle un autre univers… Celui de la rencontre de l'autre.

Mélange des genres ô combien délicieux qui nous offre une perspective tendre et lucide, comme si Dany nous partageait des bribes de sa vie qui nous aideraient, nous, à mieux appréhender ce Québec qu’on aime d’amour, d’un amour parfois vache faute de le comprendre de l’intérieur.

Ces petits riens

Par petites touches successives, il nous brosse un portrait de ce Québec complexe abordant tous les sujets si mystérieux pour qui vient d’arriver en terre inconnue.  Joignant le geste à la parole, il nous prend par la main pour nous faire découvrir ‘ces petits riens, que j’ai mis bout à bout’ comme disait Gainsbourg. Ces petits riens qui font la couleur unique d’une société, un commun partagé, des valeurs reconnues même si implicites, justement un peu trop implicites pour les néo-Québécois…


Ce livre nous permet de démythifier des sujets cruciaux,  la partie immergée de l’iceberg interculturel qui fait l’âme même d’un peuple.  Du plus frivole en apparence, comme les saisons ou l’humour, il nous  entretient aussi de l’amitié, du racisme, des régions ou du rapport au consensus, des autochtones, des mythes et de la neige, mais aussi de la langue ou de la politique. C’est comme une carte du modus operandi du Québec pour faire un voyage plus serein, sans se fourvoyer complètement et en ayant une vision plus riche. Grâce à ces jalons, le lecteur sera plus à même de se situer pour retrouver son chemin.

L'Interculturel de chacun

Entre racines et poutine, silence et regards, générosité et enracinement historique,  Dany Laferrière nous invite dans l’ici et maintenant. Parce que le Québec est une terre d’immigration, le savoir-être interculturel est de mise. Ne vous méprenez pas, malgré le fait que le livre ait des allures de petite traité interculturel à l'usage des nouveaux arrivants, il touche l'universel. Il s'adresse tout autant au lecteur québécois en mettant en lumière avec beaucoup de douceur et parfois un zeste d'acidité, le Québec tel qu'en lui-même. On y parle d'un ''nous'' comme d'un projet de vie complexe à réaliser. Les enjeux de chacun sont parfois divergents et la rencontre de ces ailleurs est un défi tout autant qu'un potentiel pour le Québec de demain. On y parle du regard de celui qui était là avant, avant vous et de celui qui arrive. De l'espace à embrasser pour apprivoiser l'autre et construire cette nouvelle réalité au pluriel.

Une référence à partager 

Même avant cette lecture, je n'étais pas impartiale loin de là. J'avoue, j'aime la prose de Dany Laferrière. Je l'aime d'amour car elle m'a touchée au coeur dès les premiers mots, légers et denses. Et si L'énigme du retour demeure mon livre préféré de lui, Tout ce que l'on ne te dira pas, Mongo à n'en pas douter, deviendra une référence du savoir-vivre interculturel, du savoir-être ensemble au Québec.

Tout ce que l'on ne te dira pas, Mongo. Dany Laferrière. 

mercredi 25 février 2015

Violon, peinture et technologie pour une garderie pas comme les autres

'' L'art ne produit pas le visible, il rend visible.'' Paul Klee, extrai de Théorie de l'art moderne

Par une belle journée ensoleillée, j’ai eu le plaisir de visiter la garderie de l’École de musique Wilfried Pelletier à Montréal et de rencontrer éducateurs, enfants et cuisinière. L’atmosphère était paisible et enjouée bien que très vivante, les enfants m’ont accueillie avec curiosité et  gentillesse.  La lumière rentrait à flot et les couleurs chatoyantes vibraient.  Un endroit où il fait bon être un enfant !
Cette  garderie un peu spéciale pourrait être, en quelque sorte,  la petite sœur de l’École de musique Wilfried Pelletier. Ce lieu d’apprentissage musical  a un riche passé et a accompagné les débuts de figures imposantes du monde de la musique d’ici, comme Louis Lorti, grand pianiste s’il en est, Grégory Charles  dans un tout autre style ou encore Luc Beauséjour claveciniste et organiste de renommée.  Le ton est donné, l’âme musicale règne ici.


Au-delà d’un programme pédagogique classique pour un centre de la petite enfance,  la garderie offre un environnement privilégié par un éveil musical, des cours de violon et des cours d’art. Sous la nouvelle direction en 2011 de Sven Meier (professeur de violon) et Caroline Phaneuf (peinture), les enfants qui fréquentent la garderie de l’École de musique Wilfried Pelletier vivent une expérience très enthousiasmante et  peu ordinaire.

La musique et la peinture au centre de l’apprentissage

Cette garderie propose aux enfants de 9 mois à 5 ans une expérience unique en musique et peinture, le tout dans une atmosphère chaleureuse et stimulante. Loin de la frénésie et de la compétition, on privilégie l’équilibre tête-cœur.
Ici on travaille sur l’exploration de l’instrument et on laisse le corps vivre la musique. Au-delà des activités à la garderie, des spectacles, brunchs musicaux permettent à tout un  chacun de participer à la mesure de son envie et de son âge. Rien n’est brusqué, on offre un espace, un lieu vivant et les enfants ont l’opportunité de partager leur talent sans stress et ni obligation.  Les enfants de la garderie sont intégrés à part entière, ce qui dans une société policée n’est pas courant. Ici l’enfant a une vraie place de choix. Tout converge vers les arts, même le nom des groupes d’enfants : Riopelle, Klee, Paganini, Schubert, Mozart…

L’apprentissage par la musique et le violon, instrument de prédilection, comme catalyseur

Le travail global fait à partir du violon permet aux jeunes enfants d’appréhender  la musique avec leur corps, de bouger, de danser, d’être assis ou debout. L’aspect ludique et la connexion de tous les sens sont primordiaux. L’enfant peut demeurer dans le flot musical, dans le mouvement et vivre son apprentissage dans le plaisir. Il n’est pas un acteur passif, il vit la musique avec son corps et sa tête.
Ici nous parlons de toutes les thématiques importantes pour le développement de l’enfant : discipline, coordination, motricité, mémoire, interaction, apprendre à compter…  La clef de la pédagogie est apprendre à réfléchir. S’approprier des outils pour mieux appréhender le monde et grandir harmonieusement. Les enfants ont deux cours de musique par semaine en groupe et il y a aussi des cours privés.


Un projet pilote où la technologie est au service de l’apprentissage musical des enfants

La garderie participe à un projet des plus créatifs. En effet, les enfants sont amenés à participer à un projet pilote avec le Fonofone, un instrument permettant l’initiation à la création musicale.
Grâce à l’application FonoFone de Yves Daoust compositeur et, l’enfant explore, « sculpte » les sons qu’on lui propose ou qu’il enregistre lui-même à travers les nombreux outils de traitements qui lui sont offerts. Il raffine son oreille et développe sa curiosité et son imagination, s’ouvre aux musiques de création de notre époque, apprend (ou réapprend) à écouter le monde sonore qui l’entoure.
Le Fonofone est une application Ipad  offrant une approche pédagogique  pour développer la créativité des enfants à travers l’exploration sonore, tout aussi simplement et spontanément qu’on le fait en arts plastiques avec un crayon et une feuille de papier. Fort de sa longue pratique de la composition électroacoustique, Yves Daoust propose une approche fondée sur la notion de solfège généralisé, où le vocabulaire musical n’est plus limité aux systèmes de hauteurs et de rythmes issus du solfège instrumental mais s’ouvre à toutes les sonorités ambiantes.

Cette visite m’a enthousiasmée, me faisant néanmoins regretter que mes enfants n’aient eu la chance de vivre cette expérience qui, à n’en pas douter, permet aux jeunes enfants une ouverture unique sur le monde musical… le leur !

Pour en savoir plus  sur la garderie

Sur le projet Fonofone
Et Yves Daoust initiateur du projet


mercredi 4 février 2015

L'ambivalence du voyage...

Voici un mois que nous sommes revenus d'un périple de trois semaines entre le Panama et le Costa Rica, presque engloutis que nous sommes au cœur des frimas. La blancheur et la froidure nous sont redevenues quotidiennes avec bonheur et exaspération. Ambivalence des extrêmes qui se côtoient.  Nous sommes charmés par l’éblouissante beauté de l’hiver et maudissons, après les touffeurs tropicales, la morsure du froid qui menace à tout moment de nous engloutir. Malgré mon penchant immodéré pour les douceurs du sud,  je ne priverais pour rien au monde de l’intensité sublime de l’hiver au Québec. C’est une expérience puissante, belle et terrible, unique.

Ce voyage au Panama et au Costa Rica fut lui aussi unique. Nous retrouvions notre Marie partie quelques mois en Amérique Latine vivre sa soif de découvertes et d’universalité. Nous étions à nouveau tous les quatre, famille vivante, chaotique parfois, drôle, insupportable aussi, stimulante et douce. Du bonheur au soleil…

Des longs voyages il ne nous reste parfois que des bribes de souvenirs, des vagues impressives, des parfums  lourds, de sensations subtiles. La douceur d’un fruit, un regard croisé, un détail auditif qu’on a su capter au milieu d’un marché… On ramène dans notre présent de minuscules particules d’un grand tout. Alors on s’accroche à une rencontre, un rayon de soleil, un goût sur les lèvres, une note qui nous ont amenés un peu plus loin, un peu plus riches.

Je retiendrai de ce périple familial le bonheur irrépressible de rester longtemps, si longtemps à me baigner dans l’océan, la beauté des plages aussi présentes tout au long de notre voyage.

Je garde l’éblouissement de la luxuriance de la nature comme un cadeau rare. La végétation tropicale, les nuages qui s’accrochaient sur les hauteurs que ce soit en allant aux îles San Blas, à Boquete ou même à San José. L’immense palette des verts vibrants de chlorophylle avec une puissance incomparable. La beauté solaire des plantations de palmiers à huile si nocive pour notre santé. Toujours l’ambivalence du monde !



Je garderai aussi la douceur de partager ces précieux moments de découverte avec mes filles, ses deux jeunes filles qui sont au bord du nid, qui déjà font de longues envolées bien loin de nous. Alors, sachant que d’autres temps sont à venir,  je profite intensément de leur chaleureuse et stimulante présence dans la douceur des tropiques…


Je conserverai au fond du cœur, toute la douceur des rapports des pères envers leurs enfants que ce soit au Panama ou au Costa Rica. Quel belle surprise de découvrir ces hommes forts, de tous âges, de toutes conditions sociales si proches de leurs enfants. Ils ont une présence tranquille, une douceur et une délicatesse touchante dans leurs rapports. Bien au-delà des a priori sur les machos latins. Que ce soit ce papa indien dans le bus panaméen ou la gentillesse d’un père prenant soin de son nouveau-né pendant des heures, ne laissant son trésor à sa compagne qu’au moment de l’allaitement…. Quel beau cadeau de voir ces hommes si délicats et si forts remplir leur mission de pères avec tant de sérieux et de douceur !


Encore une fois, ce qui m’a le plus touchée pendant ce voyage, ce sont les femmes et les hommes. Les petits, les indiens, les blancs, les vieux, les riches, les enfants, les pauvres, les paysans, les très pauvres, les grands, ceux de là-bas, ceux de très loin… Je pense qu’on ne voyage que pour rencontrer nos frères. Parfois on ne les supporte pas, tout comme il nous est parfois difficile de nous supporter nous-mêmes… On ne les supporte pas car ils sont le reflet ce que l’on n’aime pas de nous, tout au fond.

Mais quand on voyage, on part à l’aventure vers l’autre. On part parfois pour s’esbaudir, fuir, oublier, s’enivrer … de soleil, de couleurs, de  musique. Mais on part surtout pour se sortir de notre lot quotidien, de notre commun. Et on se rend compte que nous avons tant en commun justement. Paradoxe immuable. On part pour rencontrer, soi, l’autre… On part avec nos bagages, les légers et ludiques mais également les lourds et tristes. Comme disait une amie, j’aimerais parfois partir en vacance sans moi !


On part en voyage pour découvrir le plus grand, le plus beau, le plus intense… le plus vrai. Et en ce sens, ces semaines latines furent une vacance au sens premier du terme, un moment libre, disponible avec de l’espace pour tous les possibles. Je suis consciente du cadeau infini de la vie de pouvoir voyager ainsi avec les miens, j’en suis très reconnaissante. Les voyages quel bonheur, même intenses et parfois rudes, quelle richesse.
Je ramène de ce voyage le goût toujours vivant de l’autre. Ce besoin de partage qui donne tout son sens à  notre humanité.

Merci à Murielle d’avoir veillé sur la maison et les chats, merci à Corinne, Beverley et Ian, Gloria et Philippe, merci à Aisha et sa famille grâce à qui nous avons eu une super voiture pour le Costa Rica. Merci à mon amoureux, Christian, de partager ce goût du voyage, de l’aventure et d’avoir tenu contre vents et marées le fort du blogue. Et merci à vous, lecteurs qui avaient suivi nos aventures sur le blogue !
http://les-cariboux-en-amerique-centrale.blogspot.ca/2015/02/de-lambivalence-du-voyage-par-cecile.html
Et pour vous accompagner, une chanson de Barbara peu connue ''Les voyages'' 


Et pour vous accompagner, une chanson de Barbara peu connue ''Les voyages'' 
© Christian Chartier







lundi 1 septembre 2014

Le photographe, la ville et le temps

De la force du temps, Josias Gob ou la collision architecturale d’une vision temporelle de la ville

Josias Gob, photographe de son état, tel l’artiste qu’il est, nous a déjà offert une palette très complète de ses multiples talents. Photographe de mode captant la beauté des femmes, il a su réveiller le soyeux des  étoffes. Fait assez rare pour être souligné,  il a su également faire vibrer les strates de mines à ciel ouvert en nous présentant une vision captivante du monde industriel. Son style d’exception pour le portrait, que ce soit la magie de l’enfance ou le sérieux de dignitaires, est signe d’une intelligence du cœur. Son approche des figures ‘’corporate’’ est si atypique, qu’on y retrouve une touche presque fashion. Avec son regard inquisiteur, il cultive néanmoins le tact et la délicatesse pour nous révéler l’indicible fragilité de ses modèles, faisant sourdre des profondeurs, un instant de grâce pour capturer leur présence unique.

Un procédé archaïque pour une vision contemporaine

Une nouvelle étape dans la vie de l’artiste, la confrontation au temps qui passe dans une relecture personnelle de la ville. Toute une réflexion étaye sa nouvelle série sur l’architecture. Dans sa démarche, il change de ton, son regard se meut vers un questionnement sur le temps. Il y a superposition, juxtaposition des visions pour celui qui regarde la photo.En un cliché, avec une vitesse lente de prise de vue, le photographe prend le temps d'exposer la première scène à la lumière puis cache manuellement l'objectif et se déplace pour faire une deuxième étape. Il s'agit d'une photo unique, sans utilisation de logiciel de retouche, à une ou multiples expositions. Le procédé ancien permet d'obtenir un cliché unique d'une modernité surprenante. Du grand art.



Chicago et Griffingtown, un air de parenté

On inscrit le passé et le présent pour faire naître un instant les possibles, capturer l’essence même de la mutation d’un quartier, d’une rue : le meltingpot dans toute sa splendeur. Comment souligner l’âme d’un endroit donné à un moment précis ? Comment s’ancrer dans le passé et s’affranchir du présent  pour ébaucher un avenir ? On est dans le poétique très pragmatique, dans le concret visionnaire. Un regard différent, celui de l’artiste.

C’est un portrait de la ville confrontant les édifices en transparence, c’est un carambolage des points de fuite pour être plus dans le présent. Josias Gob travaille la superposition comme un archiviste de la ville, en faisant se côtoyer le temps et l’espace. C’est la rencontre des improbables. C’est une vision puissante qui nous offre une perspective inusitée. On y parle de matériaux, de transparence, de densité, de notre histoire à travers la pierre, le béton, l’acier et le verre. On y témoigne d’hier et d’aujourd’hui. C’est le monde en marche, notre monde, notre ville. Montréal.

Citoyen du monde Josias Gob travaille sur un projet similaire à Toronto et New-York.


Pour en savoir plus sur l'artiste

jeudi 3 juillet 2014

Benoît Aquin invité à la 45ème édition des mythiques Rencontres d’Arles avec une série sur la tragédie de Lac - Mégantic

LAC  MÉGANTIC EXPOSÉ EN ARLES

Benoît Aquin invité à la 45ème édition des mythiques Rencontres d’Arles 
avec une série sur la tragédie de Lac - Mégantic

Le photographe Benoît Aquin expose aux Rencontres d’Arles une série sur la tragédie ferroviaire de Lac Mégantic en juillet 2013. Récipiendaire du prestigieux prix Pictet en 2008 pour sa série Le Dust Bowl chinois, le photographe montréalais a, depuis plus de vingt ans, voyagé sur presque tous les continents afin de témoigner du rapport, souvent conflictuel, de l’humain au territoire. Arles, une invitation emblématique pour un photographe !

Benoît Aquin parcourt le monde depuis 25 ans et rend compte de l’impact de l’environnement sur l’humanité. Régulièrement exposées au Canada, aux États-Unis et en Europe, ses oeuvres figurent parmi plusieurs collections publiques et privées, dont la National Gallery au Canada, le Musée des Beaux-Arts de Montréal et le Musée du Québec.

Les lobbys, le pétrole et les hommes

À l’heure où les lobbys de l’industrie pétrolière s’activent pour faire du Québec une plaque tournante dans le commerce de l’or noir, Aquin s’interroge sur les impacts humains et environnementaux engendrés par les ambitions politiques et économiques justifiant l’exploitation pétrolière. Aux lendemains de l’accident ferroviaire de Lac-Mégantic, le photographe a entrepris d’arpenter patiemment le cœur sinistré de la ville. Au fil d’une série exposant les meurtrissures des lieux et d’existences contaminés, Aquin porte son attention sur la photogénie d’une catastrophe environnementale désormais emblématique de la gestion désinvolte et irresponsable des ressources et des territoires québécois. Son travail accompagne et soutient la mobilisation citoyenne visant à préserver la primauté des intérêts collectifs sur ceux, corporatistes, d’une industrie délinquante puisant ses complices à même la classe politique. La série présente 13 photos de 100 cm X 152 cm.

 Peu d’élus québécois en Arles au fil des ans 
pour ce rendez-vous  incontournable de la photo

Les Rencontres atteignent une audience sans égale (record de fréquentation battu en 2013 avec près de 100 000 visiteurs) et leur renommée est définitivement installée. Les prestigieuses Rencontres d'Arles, l'un des plus importants festivals de photo d'Europe n'ont accueilli que très peu de photographes québécois. Des grands de la photo du Québec tels que Michel Saint-Jean, Serge Emmanuel Jongué, Louis Lussier ou encore Michel Campeau ont précédé Benoît Aquin qui offre ici  une vision saisissante de la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic de juillet 2013 dans le cadre d’un rétrospective du Prix Pictet.

Benoît Aquin aux Rencontres d'Arles
Magasin Électrique
7 juillet au 21 septembre
10h - 19h30

Benoît Aquin sera présent en Arles du 7 au 12 juillet.


En attendant le livre sur Lac Mégantic

Far East, Far West, aux éditions du passage, fut le premier livre du photographe. Un livre sur Lac Mégantic chez VU, Centre de diffusion et de production de la photographie est à venir.
Far East, Far West est un album magnifique sur un des plus graves désastres écologiques de notre temps : l’inexorable désertification des terres en Chine, également appelée « Dust Bowl » chinois.

À l’heure où l’environnement constitue un enjeu majeur, l’œuvre d'Aquin apporte un éclairage aussi dramatique qu’esthétique sur les catastrophes naturelles et défis auxquels nous devrons tôt ou tard faire face tout en nous questionnant sur l’essence même de la vie,  l’humain, la nature et nos engagements.






© Benoît Aquin - Revêtement de polymère, extérieur de maison fondu, Lac-Mégantic 2013

 © Benoît Aquin Zone d'exclusion, Lac-Mégantic 2013


Benoît Aquin

mercredi 11 juin 2014

Venise, nos rides, leurs amours et les miennes tout ensemble.

Venise. Cette année, le mois de mars m’a offert le bonheur de vivre quatre jours de soleil, d’art et d’amitié. La Sérénissime m’a dévoilé ses trésors toute en simplicité et authenticité, loin des clichés sirupeux de mauvais goût et du kitsch mercantile.  Parenthèse maritime, pleine de lumière qui m’a permis de souffler, un peu. Effluves marines qui m’ont apaisée, me rappelant la douceur, la fluidité, la force de l’amitié, la chance des rencontres, les cadeaux de la vie.

On porte chacun des fardeaux que nous sommes seuls à brandir au soleil comme des  offrandes à des dieux psychopathes que nous nourrissons à les en faire devenir obèses. Comme si ces valises alourdies de peines obsolètes, gages effroyables et dérisoires du passé étaient garantes de la véracité de nos vies, comme si nos existences dépendaient de ses malheurs petits et grands que nous cultivons avec tant d’ardeur souvent à notre insu. On ne se remet jamais tout à fait des possibles nuls et non avenus.

Je voulais dire que chaque chagrin apporte avec lui la consolation. Cette consolation totale et irrévocable qui nous libère. L’épreuve du feu demeure cependant. Pas de passe-droit, pas d’exception, pas d’échappatoire. Il faut se lancer dans le vide chacun à sa mesure. Il nous faut traverser le feu, affronter le dragon, sauver la princesse. Oui. Mais la consolation est présente. À nous de la cueillir, de la bercer, de la choyer, de lui faire une place dans nos vies, la place de choix. Ce séjour amical à Venise, entre art, mer et soleil fut une place de choix.


Je voulais dire à toutes les femmes que j’ai le bonheur d’avoir côtoyées que, grâce à elles, ma vie est plus pleine, plus rebondie, plus joyeuse, plus sereine et plus douce. Cette sororité a nourri mon adolescence,  inspiré ma vie de jeune femme et je prends conscience maintenant que toutes ces années ce fut un des piliers de ma construction intime, de mon équilibre. Vous êtes chacune pour moi, à votre manière si personnelle, richesse, sécurité, partage et réconfort.

Je ne témoignerai jamais assez de la force que procure une amitié qui défie le temps. Petits cailloux blancs laissés sur nos chemins parfois chaotiques et même ténébreux.  Ces amitiés féminines nourrissent la femme que je suis pour le meilleur.

N’y voyez aucun sexisme. J’aime les hommes et leur compagnie me ravit.  Ici il s’agit plus d’une proximité, une relation de l’ordre de l’intime que je n’ai vécu qu’avec des femmes, jeunes ou moins jeunes tout au long de ma vie. Ce mélange d’espace, de fluidité et de compagnonnage au sens littéral du terme est  une des particularités de l’amitié féminine que je goûte avec  grand bonheur.

Il y a celles qui nous font rire, celles qui exigent de nous le meilleur, celles qui partagent, enrichissent, embellissent, stimulent, ouvrent, offrent, nous font découvrir de nouveaux horizons, nous interpellent, nous aident… avec qui on pleure, on crie, on rit, on va au cinéma, au concert, on critique des livres ou la mode, on construit des châteaux en Espagne, on partage un thé ou des idéaux, on voyage au coin de la rue ou au bout du monde. On partage l’essentiel, un essentiel. Il y a celles qui ont tout compris mais ont du mal à passer à l’acte (comme nous), il y a celles qui sont si différentes de nous que parfois ça nous gêne… mais on aime. On les aime. Parce qu’au fond c’est ça l’amitié. Une histoire d’amour.

Et en amour, il y a aussi des pertes. Il y a de ces amitiés qui s’évanouissent, sans pleurs ni heurts. Juste le temps qui passe, un déménagement, les enfants qui grandissent, le tourbillon de la vie. Nos vies s’éprennent de routes différentes, nos couleurs qui ne s’accordent plus… Cela commence par une sensation d’étrangeté, une petite gêne, un vide minuscule, des incompréhensions affligeantes de non sens. Puis, sans qu’on y prenne garde, on constate que c’est fini. Elle ne nous téléphonera plus trois fois par semaine, on ne lui ramènera plus de cadeau du bout du monde, on ne connaîtra pas son prochain projet. Cette amitié était un cadeau, on doit maintenant accepter le lâcher-prise et respirer, profondément.

Et il y a aussi celles qui partent pour de bon. Celles dont le destin se termine avant le nôtre et dont l’absence sera présente longtemps, trop longtemps. Peut-être jusqu’au bout, notre bout à nous.
Et c’est un chagrin, un grand chagrin. 

Je me souviens des semaines, des mois que j’ai partagés avec mon amie B. pour son grand  départ. Elle était une femme magnifique, pleine de vie, au rire contagieux. Elle était chaleureuse et pleine d’humour, pleine d’amour. Son ouverture au monde m’émerveillait.  Son énergie, son empathie pour les gens me touchaient profondément. Cet accompagnement a été un très grand cadeau pour moi. Partager avec elle son élan de vie, sa rébellion face à la douleur, son cheminement intérieur, son acceptation de la mort, ne fut pas dérisoire. Je me sentais inutile certes.  cependant j’étais là. Nous avons vécu ça ensemble. 

Ce partage a donné une toute autre dimension à notre amitié. J’ai été très privilégiée de pouvoir vivre ça avec elle.

Amitié de prime jeunesse qui perdure avec une verdeur réconfortante ou amitié toute neuve dont on se pare comme d’un collier de fleurs sauvages au printemps, la délicatesse est de mise. On partage les émois, les effrois, nos doutes, nos rides et nos amours. Entre légèreté et profondeur, entre fluidité et encrage, la force de cette sororité est la liberté et le partage.
À mes amies, à mes sœurs d’ici ou d’ailleurs, merci.



Après Venise,  ce projet de voyage ensemble… on part quand ? Pour quelle destination ?

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Peggy Guggenheim Collection Venice
www.guggenheim-venice.it

Palais des Doges
www.palazzoducale.visitmuve.it

La douane de mer
www.venise-tourisme.com/dogana-di-mare

La Biennale de Venise
www.labiennale.org

Marché du Rialto un jour d'aqua alta
www.youtube.com/watch?v=Vcgri0nFw0w