mercredi 4 février 2015

L'ambivalence du voyage...

Voici un mois que nous sommes revenus d'un périple de trois semaines entre le Panama et le Costa Rica, presque engloutis que nous sommes au cœur des frimas. La blancheur et la froidure nous sont redevenues quotidiennes avec bonheur et exaspération. Ambivalence des extrêmes qui se côtoient.  Nous sommes charmés par l’éblouissante beauté de l’hiver et maudissons, après les touffeurs tropicales, la morsure du froid qui menace à tout moment de nous engloutir. Malgré mon penchant immodéré pour les douceurs du sud,  je ne priverais pour rien au monde de l’intensité sublime de l’hiver au Québec. C’est une expérience puissante, belle et terrible, unique.

Ce voyage au Panama et au Costa Rica fut lui aussi unique. Nous retrouvions notre Marie partie quelques mois en Amérique Latine vivre sa soif de découvertes et d’universalité. Nous étions à nouveau tous les quatre, famille vivante, chaotique parfois, drôle, insupportable aussi, stimulante et douce. Du bonheur au soleil…

Des longs voyages il ne nous reste parfois que des bribes de souvenirs, des vagues impressives, des parfums  lourds, de sensations subtiles. La douceur d’un fruit, un regard croisé, un détail auditif qu’on a su capter au milieu d’un marché… On ramène dans notre présent de minuscules particules d’un grand tout. Alors on s’accroche à une rencontre, un rayon de soleil, un goût sur les lèvres, une note qui nous ont amenés un peu plus loin, un peu plus riches.

Je retiendrai de ce périple familial le bonheur irrépressible de rester longtemps, si longtemps à me baigner dans l’océan, la beauté des plages aussi présentes tout au long de notre voyage.

Je garde l’éblouissement de la luxuriance de la nature comme un cadeau rare. La végétation tropicale, les nuages qui s’accrochaient sur les hauteurs que ce soit en allant aux îles San Blas, à Boquete ou même à San José. L’immense palette des verts vibrants de chlorophylle avec une puissance incomparable. La beauté solaire des plantations de palmiers à huile si nocive pour notre santé. Toujours l’ambivalence du monde !



Je garderai aussi la douceur de partager ces précieux moments de découverte avec mes filles, ses deux jeunes filles qui sont au bord du nid, qui déjà font de longues envolées bien loin de nous. Alors, sachant que d’autres temps sont à venir,  je profite intensément de leur chaleureuse et stimulante présence dans la douceur des tropiques…


Je conserverai au fond du cœur, toute la douceur des rapports des pères envers leurs enfants que ce soit au Panama ou au Costa Rica. Quel belle surprise de découvrir ces hommes forts, de tous âges, de toutes conditions sociales si proches de leurs enfants. Ils ont une présence tranquille, une douceur et une délicatesse touchante dans leurs rapports. Bien au-delà des a priori sur les machos latins. Que ce soit ce papa indien dans le bus panaméen ou la gentillesse d’un père prenant soin de son nouveau-né pendant des heures, ne laissant son trésor à sa compagne qu’au moment de l’allaitement…. Quel beau cadeau de voir ces hommes si délicats et si forts remplir leur mission de pères avec tant de sérieux et de douceur !


Encore une fois, ce qui m’a le plus touchée pendant ce voyage, ce sont les femmes et les hommes. Les petits, les indiens, les blancs, les vieux, les riches, les enfants, les pauvres, les paysans, les très pauvres, les grands, ceux de là-bas, ceux de très loin… Je pense qu’on ne voyage que pour rencontrer nos frères. Parfois on ne les supporte pas, tout comme il nous est parfois difficile de nous supporter nous-mêmes… On ne les supporte pas car ils sont le reflet ce que l’on n’aime pas de nous, tout au fond.

Mais quand on voyage, on part à l’aventure vers l’autre. On part parfois pour s’esbaudir, fuir, oublier, s’enivrer … de soleil, de couleurs, de  musique. Mais on part surtout pour se sortir de notre lot quotidien, de notre commun. Et on se rend compte que nous avons tant en commun justement. Paradoxe immuable. On part pour rencontrer, soi, l’autre… On part avec nos bagages, les légers et ludiques mais également les lourds et tristes. Comme disait une amie, j’aimerais parfois partir en vacance sans moi !


On part en voyage pour découvrir le plus grand, le plus beau, le plus intense… le plus vrai. Et en ce sens, ces semaines latines furent une vacance au sens premier du terme, un moment libre, disponible avec de l’espace pour tous les possibles. Je suis consciente du cadeau infini de la vie de pouvoir voyager ainsi avec les miens, j’en suis très reconnaissante. Les voyages quel bonheur, même intenses et parfois rudes, quelle richesse.
Je ramène de ce voyage le goût toujours vivant de l’autre. Ce besoin de partage qui donne tout son sens à  notre humanité.

Merci à Murielle d’avoir veillé sur la maison et les chats, merci à Corinne, Beverley et Ian, Gloria et Philippe, merci à Aisha et sa famille grâce à qui nous avons eu une super voiture pour le Costa Rica. Merci à mon amoureux, Christian, de partager ce goût du voyage, de l’aventure et d’avoir tenu contre vents et marées le fort du blogue. Et merci à vous, lecteurs qui avaient suivi nos aventures sur le blogue !
http://les-cariboux-en-amerique-centrale.blogspot.ca/2015/02/de-lambivalence-du-voyage-par-cecile.html
Et pour vous accompagner, une chanson de Barbara peu connue ''Les voyages'' 


Et pour vous accompagner, une chanson de Barbara peu connue ''Les voyages'' 
© Christian Chartier







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