Voici un
mois que nous sommes revenus d'un périple de trois semaines entre le Panama et le Costa Rica, presque engloutis que nous sommes au cœur des
frimas. La blancheur et la froidure nous sont redevenues quotidiennes avec
bonheur et exaspération. Ambivalence des extrêmes qui se côtoient. Nous sommes charmés par l’éblouissante beauté
de l’hiver et maudissons, après les touffeurs tropicales, la morsure du froid
qui menace à tout moment de nous engloutir. Malgré mon penchant immodéré pour
les douceurs du sud, je ne priverais
pour rien au monde de l’intensité sublime de l’hiver au Québec. C’est une
expérience puissante, belle et terrible, unique.
Ce voyage au
Panama et au Costa Rica fut lui aussi unique. Nous retrouvions notre Marie
partie quelques mois en Amérique Latine vivre sa soif de découvertes et
d’universalité. Nous étions à nouveau tous les quatre, famille vivante,
chaotique parfois, drôle, insupportable aussi, stimulante et douce. Du bonheur
au soleil…
Des longs
voyages il ne nous reste parfois que des bribes de souvenirs, des vagues
impressives, des parfums lourds, de
sensations subtiles. La douceur d’un fruit, un regard croisé, un détail auditif
qu’on a su capter au milieu d’un marché… On ramène dans notre présent de
minuscules particules d’un grand tout. Alors on s’accroche à une rencontre, un
rayon de soleil, un goût sur les lèvres, une note qui nous ont amenés un peu
plus loin, un peu plus riches.
Je
retiendrai de ce périple familial le bonheur irrépressible de rester longtemps,
si longtemps à me baigner dans l’océan, la beauté des plages aussi présentes tout
au long de notre voyage.
Je garde
l’éblouissement de la luxuriance de la nature comme un cadeau rare. La
végétation tropicale, les nuages qui s’accrochaient sur les hauteurs que ce
soit en allant aux îles San Blas, à Boquete ou même à San José. L’immense
palette des verts vibrants de chlorophylle avec une puissance incomparable. La
beauté solaire des plantations de palmiers à huile si nocive pour notre santé.
Toujours l’ambivalence du monde !
Je garderai
aussi la douceur de partager ces précieux moments de découverte avec mes
filles, ses deux jeunes filles qui sont au bord du nid, qui déjà font de
longues envolées bien loin de nous. Alors, sachant que d’autres temps sont à
venir, je profite intensément de leur
chaleureuse et stimulante présence dans la douceur des tropiques…
Je
conserverai au fond du cœur, toute la douceur des rapports des pères envers
leurs enfants que ce soit au Panama ou au Costa Rica. Quel belle surprise de
découvrir ces hommes forts, de tous âges, de toutes conditions sociales si proches
de leurs enfants. Ils ont une présence tranquille, une douceur et une
délicatesse touchante dans leurs rapports. Bien au-delà des a priori sur les
machos latins. Que ce soit ce papa indien dans le bus panaméen ou la
gentillesse d’un père prenant soin de son nouveau-né pendant des heures, ne
laissant son trésor à sa compagne qu’au moment de l’allaitement…. Quel beau
cadeau de voir ces hommes si délicats et si forts remplir leur mission de pères
avec tant de sérieux et de douceur !
Encore une
fois, ce qui m’a le plus touchée pendant ce voyage, ce sont les femmes et les
hommes. Les petits, les indiens, les blancs, les vieux, les riches, les
enfants, les pauvres, les paysans, les très pauvres, les grands, ceux de
là-bas, ceux de très loin… Je pense qu’on ne voyage que pour rencontrer nos
frères. Parfois on ne les supporte pas, tout comme il nous est parfois
difficile de nous supporter nous-mêmes… On ne les supporte pas car ils sont le
reflet ce que l’on n’aime pas de nous, tout au fond.
Mais quand
on voyage, on part à l’aventure vers l’autre. On part parfois pour s’esbaudir,
fuir, oublier, s’enivrer … de soleil, de couleurs, de musique. Mais on part surtout pour se sortir
de notre lot quotidien, de notre commun. Et on se rend compte que nous avons
tant en commun justement. Paradoxe immuable. On part pour rencontrer, soi,
l’autre… On part avec nos bagages, les légers et ludiques mais également les
lourds et tristes. Comme disait une amie, j’aimerais parfois partir en vacance
sans moi !
On part en
voyage pour découvrir le plus grand, le plus beau, le plus intense… le plus
vrai. Et en ce sens, ces semaines latines furent une vacance au sens premier du
terme, un moment libre, disponible avec de l’espace pour tous les possibles. Je
suis consciente du cadeau infini de la vie de pouvoir voyager ainsi avec les
miens, j’en suis très reconnaissante. Les voyages quel bonheur, même intenses
et parfois rudes, quelle richesse.
Je ramène de
ce voyage le goût toujours vivant de l’autre. Ce besoin de partage qui donne
tout son sens à notre humanité.
Merci à
Murielle d’avoir veillé sur la maison et les chats, merci à Corinne, Beverley
et Ian, Gloria et Philippe, merci à Aisha et sa famille grâce à qui nous avons
eu une super voiture pour le Costa Rica. Merci à mon amoureux, Christian, de
partager ce goût du voyage, de l’aventure et d’avoir tenu contre vents et
marées le fort du blogue. Et merci à vous, lecteurs qui avaient suivi nos
aventures sur le blogue !
http://les-cariboux-en-amerique-centrale.blogspot.ca/2015/02/de-lambivalence-du-voyage-par-cecile.html
Et pour vous accompagner, une chanson de Barbara peu connue ''Les voyages''
Et pour vous accompagner, une chanson de Barbara peu connue ''Les voyages''
© Christian Chartier
Et pour vous accompagner, une chanson de Barbara peu connue ''Les voyages''
© Christian Chartier
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